
Pendant une semaine, je suis partie en tant qu'assistante de production avec l'équipe de "Vivé Movil", de la chaîne VIVé (communautaire nationale ). Nous avons silloné huit villages de l'Etat de Yaracuy (à quatre heures de route de Caracas), à la découverte des mouvements sociaux qui y ont vu le jour. "Madres del Barrio" ("Mères du Quartier", pour aider les mères seules, dans le besoin), conseils communaux (rassemblements de personnes du quartier pour discuter des besoins de la communauté), organisations culturelles (peinture, sculpture, musique, danse, ciné-club, télévisions communautaires,...), mouvements de jeunesse sont des exemples d'espaces sociaux qui ont vu le jour depuis que Chavez est au pouvoir. C'est peu dire que le peuple a pris conscience de l'enjeu qu'il y a à s'intéresser à la politique. Avant, les pauvres n'étaient rien ici. Ils étaient gouvernés par une "démocratie déguisée" (pour reprendre leurs mots); un président de la droite, qui passait sans cesse des messages commerciaux à la télévision. Ils avaient l'impression que sans consommer tous les produits des publicités, ils n'étaient rien. A la télé, dans la rue, dans les magasins, c'était toujours le même schéma de l'idéal qui passait :le Blanc, nickel, qui vit dans les banlieues chics de Miami, qui possède les appareils derniers cri, qui a trois voitures de sport, etc. Mais les pauvres étaient de plus en plus pauvres. L'inflation permanente et leurs salaires toujours plus bas les empêchaient de manger, de s'instruire, de vivre...
Et un jour, ils en ont eu marre. Une période d'intense révolte a eu lieu, fin février 1989. Elle a pris le nom de "Caracazo". Il y a eu beaucoup de morts: entre 400 et 2000... tout dépend du point de vue... Pratiquement tous ont été tués par la police.
Pendant ce temps, Chavez était militaire, et avait déjà fondé le Mouvement Bolivarien Révolutionnaire-200(*), pour sauver le peuple des horreurs de l'oligarchie d'alors. En 1992, il tente un coup d'Etat contre le président Carlos Andrés Pérez. C'est là que le peuple vénézuélien a vu une lueur d'espoir, pour un futur meilleur. Après sa détention de deux ans en prison, Chavez se présente aux élections présidentielles de 1998, sous l'impulsion de la classe populaire (agriculteurs, ouvriers, gens de la rue, vendeurs informels, jeunes et vieux). Il gagne grâce à une campagne électorale où il promet de donner au peuple le droit à la souveraineté du pays (c'est à dire à profiter des richesses que le Venezuela possède, comme par exemple les bénéficies liés à l'exportation du pétrole). Il propose un programme social riche de changements positifs pour les rejetés de la société : accès à l'éducation et aux soins de santé, notamment. Il veut que tout le monde s'intéresse à la politique, pour que chacun puisse prendre son destin en main. "Le pouvoir pour le peuple, par le peuple !" Chavez s'est inspiré des idées de Simon Bolivar pour créer sa politique. Bolivar voulait la liberté de sa patrie, qui à l'époque était sous la domination espagnole. C'est de là que vient l'expression "révolution bolivarienne" tant critiquée par les médias de l'opposition, faisant passer Chavez pour un idiot, alors qu'il veut plus que tout la liberté des vénézuéliens, la fraternité et la solidarité entre les peuples d'Amérique Latine, la paix dans le monde.
En 1999, il propose une réforme de la Constitution. Elle est acceptée haut la main. Mais déjà, l'opposition voit en ce nouveau président un coup de frein important. Alors qu'avant Chavez, les institutions appartenaient à l'élite, qui se partageait le pouvoir entre amis de la haute société, les choses changent radicalement. Chavez vient du barrio et il tiendra sa promesse d'agir en faveur des pauvres.
Cela va également à l'encontre de la politique impérialiste des Etats Unis qui, depuis tant d'années, profitaient du Venezuela. Le socialisme de Chavez est tout à fait opposée à la politique néo-libérale de Bush. Dès lors, la bataille commence: diabolisation du président vénézuélien, envoi d'agents de la CIA pour saboter, alliance avec Alvaro Uribe, le président de la Colombie, qui envoie ses para-militaires au Venezuela pour créer un trafic de narcotiques dans le but d'accuser Chavez,... et la liste est encore longue. C'est le côté médiatique qui a évidemment retenu toute mon attention.
Au mois de décembre 2007, il y a eu ici un référendum, pour demander aux Vénézuéliens s'ils étaient d'accord de modifier 69 articles de la Constitution, et ainsi franchir un pas supplémentaire vers un Etat socialiste.
Les pires horreurs ont été véhiculées sur Chavez par l'opposition. Ce sont ces propos qui ont été relégués à travers le monde. Je me suis occupée de récolter tous les articles qui parlaient du référendum dans la presse francophone belge. Il y en a eu très peu, et dans 90 % des cas, c'était des propose contre Chavez, qui allaient d'un degré faible à injurieux.
Je suis venue ici avec tous ces articles. Après les avoir traduits, je vais maintenant les pésenter à un panel de personnes très large. Parmi mes contacts, j'ai notamment des écrivains, des sociologues, des professeurs d'université, des journalistes, des chefs d'édition, des personnes du ministère de l'Information et de la Communication, mais également des gens du barrio, des étudiants, des agriculteurs, des artistes. Je vais leur demander ce qu'ils pensent de ce qui a été écrit. J'ai testé la manoeuvre avec quatre personnes. La première parole qu'elles m'ont dites, toutes les quatres est : "C'est du mensonge!"
C'est avec plaisir que je vous présenterai les résultats de mon enquête.
D'ici là, méfiez vous des médias !
(*) MBR-200 : pour commémorer les 200 ans de la naissance du Libertador Simon Bolivar